UFR / UFDG : apaisons les tensions, ne les aggravons pas.
En Guinée comme ailleurs, la proximité d’une élection politique majeure est propice à des déclarations, tantôt mesurées, parfois excessives. C’est un des attributs du champ politique. Et les discours écrits ou verbaux, s’ils ne sont pas maîtrisés avant leur expression publique, peuvent faire de terribles dégâts, susciter des malentendus, provoquer des fractures non résorbables. Dans ces conditions, le heurt des ambitions politiques légitimes est presque inévitable. Faut-il en faire un drame, ou se livrer à des suspicions et condamnations croisées ?
Les conflits entre alliés ou ex-alliés n’ont rien d’exceptionnel. Ils sont même courants. Cependant, de la manière dont ils sont résolus dépend la possibilité ou pas d’alliance future. Dès lors, les uns et les autres, nous devons garder à l’esprit que les excès de langage, les formules sentencieuses et vexatoires ne sont d’aucun intérêt. Ils flattent peut-être les égos de leurs auteurs, mais demeurent totalement contreproductifs quant au but affiché.
La récente déclaration du président de l’U.F.R. de ne pas soutenir M. Cellou Dalein DIALLO, si ce dernier arrivait au second tour de la présidentielle prochaine, a déchaîné des passions, des commentaires et des insinuations pas toujours respectueux ni de M. SIDYA TOURE, ni de son parti, et encore moins de ses militants et sympathisants. Son désir légitime d’accroître l’influence de son parti, et d’être autonome par rapport à l’U.F.D.G. de M. CELLOU DALEIN DIALLO et de tout autre parti politique existant, a été interprété de façon discutable, même très discutable. L’U.F.R. et SIDYA seraient ingrats, auraient renoncé à leur ambition légitime de se battre pour accéder à la Magistrature Suprême de notre pays. De ce fait, nous à l’U.F.R., nous travaillerons non pas pour nous, mais pour l’élection de M. Alpha CONDE pour lequel que nous sommes suspectés vouloir accompagner, plus tard dans la désorganisation de notre pays qu’il a déjà entamée. Ce sont là des commentaires de de certains « militants » et « sympathisants » de l’U.F.D.G. J’émets d’ailleurs l’hypothèse qu’ils ne sont pas tous forcément désireux de voir leur parti atteindre son objectif. Sinon, il y a d’autres manières, d’autres mots pour interpeller un parti, un leader dont on souhaite être l’allié. Mais, on ne peut mettre sur le compte du bureau exécutif national, les débordements regrettables des militants et sympathisants. Cela peut arriver à tous les partis et dans tous les partis politiques. Il n’y a pas à les en rendre responsables.
Toutefois, les militants et les Responsables exécutifs Nationaux ne sont pas à mettre sur un même plan. Les premiers n’engagent qu’eux-mêmes, tandis que les seconds parlent au nom du Parti. Et c’est là où les déclarations du porte-parole Officiel de l’U.F.D.G. de M. Cellou Dalein DIALLO, un certain Sékou Chérif FADIGA, sont surprenantes, injurieuses par moment, et comminatoire sur l’ensemble. Est-ce « perdre la raison » que de ne pas vouloir reconduire à l’identique, une alliance qui n’a pas marché par le passé ? On dit même dans certain milieu de l’U.F.D.G., que M. Cellou Dalein DIALLO aurait été élu Président de la République, s’il n’avait pas été soutenu par l’U.F.R. et SIDYA. Il serait utile que le porte-parole Officiel de l’U.F.D.G de M. DALEIN nous indiquât ce « droit chemin » pour nous éclairer. Que l’U.F.R et SIDYA veuillent mener leur propre combat politique, qu’ils estiment implicitement qu’il n’est pas impossible qu’eux aussi arrivent au second tour d’une élection présidentielle honnête, transparente, libre et équitable, appelle-t-il obligatoirement un procès en « irresponsabilité » comme l’insinue le porte-parole Officiel de l’U.F.D.G. ? Puisqu’il tient pour « un égarement, un mouvement d’humeur » la décision réfléchie de l’U.F.R. de ne pas soutenir M. CELLOU DALEIN DIALLO, s’il était au second tour. L’U.F.R. doit-elle accepter un statut de supplétif auquel certains, à l’U.F.D.G. semblent vouloir l’assigner ?
Il y a plus grave. Le porte-parole de M. CELLOU DALEIN DIALLO prétend que l’U.F.R. dit en privée qu’un « Peul ne sera jamais élu en Guinée ». Il s’agit d’une grave diffamation qui mériterait une poursuite judiciaire. Mais ce serait une erreur de le faire. Je le déconseille à mes amis. Car ce porte-parole est un tout récent converti. Comme tout nouveau converti, il est obligé de faire des excès que son nouveau parti ne lui demande d’ailleurs pas. Il y est contraint par la nécessité de prouver sa loyauté à son troisième ou quatrième parti politique. Il faut qu’il prouve qu’il est aussi ou plus déterminé que les adhérents de longue date de l’U.F.D.G.
J’ai des raisons de penser que l’U.F.D.G. dans son immense majorité n’approuve ni le ton, ni les mots, ni le fond des déclarations du porte-parole de M. DALEIN. Il est encore temps que M. CELLOU DALEIN prenne ses distances avec son porte-parole. Sinon, d’autres « catastrophes » nuisibles à l’ensemble de l’U.F.D.G. ne sont pas à exclure.
L’U.F.R. et l’U.F.D.G. partagent beaucoup de valeurs communes. En politique, il n’y a pas d’alliance Définitive et Perpétuelle. Prendre son autonomie, ce n’est pas être hostile à son allié d’hier, ni en devenir le bouc émissaire d’aujourd’hui, ou de demain. Dans sa candeur de néophyte, Mamadou SYLLA de FUTURELEC vient de révéler qu’en 2010, MM. CELLOU DALEIN DIALLO, Alpha CONDE et lui-même, s’étaient discrètement ligués contre SIDYA et l’U.F.R pour leur barrer la route du second tour, objectif d’ailleurs atteint à l’époque. Il ne le dit pas ouvertement, mais en creux, on comprend bien que leur alliance était une alliance anti-SIDYA. M. Mamadou SYLLA a mis ses alliés d’alors au défi de le contredire sur ce point. A ce jour, aucun des protagonistes de cette bizarre alliance ne s’est manifesté. En tant que membre du Bureau Exécutif National de l’U.F.R., j’ai été interpellé par de nombreux militants et sympathisants stupéfaits d’Europe, D’Amérique et d’Afrique à ce sujet. Je leur ai demandé de ne ni en parler, ni parler de trahison de celui-ci ou celui-là, et que cela aussi fait partie des aléas de la politique. Je pense avoir été entendu. Depuis la sortie du patron de FUTURELEC, un tombereau de commentaires peu agréables est déversé sur l’U.F.R. et son président. Il n’est pas certain que cette façon de faire, si elle devait perdurer, rende possible une alliance.
BAH Oury avec son tempérament à lui, est aussi dans un apaisement d’abord, ensuite dans un éclaircissement généralisé. C’est la voie à mon avis la mieux indiquée. L’U.F.D.G. et l’U.F.R. auront besoin l’un de l’autre. Ce serait dommage d’insulter l’avenir.
Mamadou Billo SY SAVANE, Membre du Bureau Exécutif National de l’U.F.R., chargé des Relations Extérieures