Les décideurs du moment étant les leaders des partis qui ont pesé lors de la présidentielle de 2010, je voudrais faire parvenir le message suivant à l’ensemble des responsables de l’opposition :
J’ai lu sur le Net que, d’après le porte-parole de l’opposition, les deux parties doivent revenir ce matin avec des propositions relatives aux délégations spéciales.
Je voudrais porter une chose à l’attention de l’opposition: elle ne doit pas tomber dans le piège que la mouvance et l’opposition partagent ces délégations à 50% chacune ou n’importe quelle autre proportion de partage. En le faisant, l’opposition aurait abandonné son principe d’exiger l’application de la loi en organisant des élections locales conformément à la Constitution et au code électoral. Cela va la discréditer et, si elle sort du cadre de la loi, elle ne peut plus s’y référer pour faire valoir ses intérêts d’ici la prochaine présidentielle.
Par ailleurs, si l’opposition accepte un tel marché, le pouvoir ferait comme en 2012 lors du partage des postes de la Ceni: il donnera un nombre de places à l’opposition qui ne pourrait pas s’entendre pour le partage. La fragile unité actuelle de l’opposition volera en éclats, car il y aura des mécontents qui s’en prendront à leurs collègues de l’opposition. Cellou et Sidya doivent tirer leçon de l’expérience qu’ils ont vécue en 2012 lors du partage des 10 postes de la Ceni. Prière à leurs proches de leur faire parvenir ce message avant l’ouverture du dialogue à 10 h TU !
Autre remarque : un tel partage des délégations spéciales sans l’arbitrage des électeurs permet au pouvoir de garder son avantage de garder les délégations actuelles. Je m’explique : après le partage, la mouvance garde la majorité à tous les niveaux : 50% pour la mouvance et 50% pour l’opposition dans son ensemble. L’administration s’ajoutera à ceux de la mouvance pour garder la direction et imposer leur volonté partout. Ils auront ce qu’ils veulent, mais cette fois-ci avec la légitimation de l’opposition.
Un autre fait à ne pas oublier: les élections locales ne concernent pas que les partis politiques. Des candidatures libres sont possibles et il y a déjà des alliances civiles qui se sont créées dans ce cadre. Il ne serait donc pas juste que les partis politiques acceptent la violation de la Constitution pour leurs intérêts et des avantages illégaux. L’opposition a jusque-là soutenu que ces élections sont tenables. Il serait mieux qu’elle maintienne cette position, quitte à reculer la présidentielle. Ainsi, au cas où les partis seraient d’accord à partager les délégations spéciales avec le pouvoir sans élection, la société civile, des associations et tout citoyen guinéen a le droit d’exiger sa part dans le partage ou contester un tel compromis violant ses droits auprès du tribunal le plus proche qui serait obligé de transmettre le recours à la Cour Constitutionnelle.
Je demande vivement aux responsables de la société civile de jouer pleinement leur rôle et défendre les intérêts des citoyens au nom desquels ils parlent, demandent et reçoivent des subventions et honneurs.
Pour finir, je conseille aux représentants de l’opposition de ne jamais accepter des rendez-vous rapprochés comme se quitter le soir et revenir le matin avec des propositions. Ils n’auront pas le temps de se concerter et harmoniser leurs positions alors que la mouvance au pouvoir parle d’une voix. L’opposition étant multiple, elle doit toujours se donner un temps de concertation, ne serait-ce que pour s’entendre sur ce qu’il faut exclure, ce qu’il ne faudrait jamais accepter. A cause de la multiplicité de l’opposition, elle gardera son unité lors du dialogue seulement en s’entendant de rester ferme sur le respect de la Constitution. Pas de compromis pour contourner les prescriptions de la loi, sauf pour le choix des dates afin de permettre une application effective de la loi.
Cordialement,
SADIO BARRY Un Guinéen en Allemagne