Au delà du fait que les coordinations communautaires soient composées quasi-exclusivement de personnes d’un certain âge et donc méritant tout le respect accordé par nos différentes traditions, on est en droit de se demandé sur l’utilité de telles associations dans la construction d’une nation. Chacun de nous a pu observer le rôle politique de ces organisations lors des élections présidentielles de 2010. Les prises de positions politiques intempestives de ces dites organisations ont accentué les tensions interethniques et le repli identitaire.
Dans quelques mois, la Guinée aura rendez vous avec l’histoire, elle doit de nouveau retourner aux urnes pour élire son président pour une période de cinq (5) ans. Cependant, les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous constatons avec amertume l’implication ostentatoire des mêmes coordinations communautaires. La nouveauté cette année, ce sont les remises symboliques de clés de localités, suivi de dithyrambe prononcé pour la circonstance à l’endroit de l’actuel président de république et en même temps candidat à sa propre succession. A un moment où le pays vit la plus grave crise sanitaire qu’elle n’ait jamais connue, un climat politique tendu, une situation sociale explosive, une fragmentation du tissu social, une réconciliation au point mort, une insécurité généralisée, des violations graves et répétées des droits de l’homme, une crise économique sans précédent marquée par une situation de récession économique avec une absence de croissance économique, un chômage endémique, une paupérisation généralisée. Un pays dans lequel népotisme et gabegie financière sont érigés en système de gouvernance.
Ma réponse à ces coordinations communautaires est la suivante : Aucune portion du territoire national n’est fermée à plus forte raison à clé à un citoyen guinéen. Chaque guinéen est libre de se rendre où il veut sur toute l’étendue du territoire national. Les voix des différentes communautés en Guinée n’appartiennent à personne. L’électeur de la Guinée forestière, de la Haute Guinée, du Fouta et de la Basse côte n’est pas un automate. C’est un citoyen capable de discernement et ayant un esprit critique.
Les coordinations régionales doivent comprendre que le peuple de Guinée n’est pas animé par un instinct grégaire. Chaque citoyen décidera de son libre-arbitre de voter pour la personne qui lui semble à même d’assurer son avenir ainsi que celui de ses enfants. l’élection présidentielle est le rendez vous d’un homme avec le peuple et non d’un homme avec un groupement communautaire. Le recours des gouvernants sortants à de telles organisations, si c’est dans un but électoraliste, constitue un manque de respect au peuple dans la mesure où il s’agit d’une infantilisation de l’ensemble des guinéens.
Notre pays a besoin au pouvoir, d’un homme capable de rassembler l’ensemble de ses populations quelques soient leurs appartenances ethnico-tribales, religieuses et politiques dans un climat apaisé et qui nous conduira vers de lendemains meilleurs. La république des communautés doit être combattue de toutes nos forces, de toutes nos énergies et de toutes nos pensées afin que nous puissions nous regarder en frère et non en ennemi.
Abdoul SYLLA (Lyon – France)