Le retour annoncé de Moussa Dadis Camara en prélude à l’élection présidentielle d’octobre 2015 défraie la chronique en Guinée et en dehors.Annonce plutôt bien accueillie dans sa région natale.Dadis venait de réussir un grand coup,d’abord faire la paix avec Cellou Dalein Diallo celui là même qui le considérait encore il y a quelques mois comme étant le principal responsable du massacre de 157 opposants à la junte militaire qu’il dirigeait alors il ya près de six (6) ans,ainsi que des exactions qui s’en ont suivi.Cerise sur le gâteau il a encore fait mieux. Décrochant de passage le « jackpot » en créant avec ce dernier une alliance politique.
Dadis est un quasi-ressuscité,lui qui a survécu à un coup de feux visant sa tête. Est aujourd’hui en quête de rédemption,Depuis sa convalescence et son exil à Ouagadougou (Burkina faso),il s’est plutôt montré de bonne foi. D’abord en coopérant sans condition avec la justice de son pays mais aussi en s’abstenant de faire toute déclaration polémique. Vraisemblablement dans le but de préserver la paix et la quiétude sociale dans son pays.
En Dépit d’un train de vie fastueux ainsi que les honneurs dus à son rang. Dadis a le mal du pays,il ressent l’envie de retrouver son Koulé natal,de prendre des bains de foules dans les rues poussiéreuse et défoncées de N’zérékoré,de sentir la chaleur et l’hospitalité légendaire du peuple Kpèlè. Un retour au pays par le biais de la politique reste une option mais sa plus grande victoire serait sans conteste un retour auprès des siens. Ces partisans en Guinée forestière le savent, d’où les manifestations de rue en faveur du retour de l’enfant du pays. Pour le citoyen de Tilépoulou (un quartier populaire de N’Zérékoré) Dadis en exil c’est un peu comme si tout le peuple kpèlè se trouvait en exil et par extension toutes les populations de la région forestière. Cette situation est très mal vécue par la plupart des habitants de cette contrée de la Guinée.
Hélas,Dadis reste pour la classe politique en général et le pouvoir en particulier un mistigri. Car son retour politique remettrait totalement en cause les calculs politiques des uns et des autres. Il est difficile pour lui de revenir en Guinée pour deux(2) raisons principales: Le dossier judiciaire de l’affaire du 28 septembre 2009 et surtout à cause des conséquence de la mystérieuse sortie médiatique de Toumba Diakité.
D’abord en analysant l’affaire du 28 septembre 2009,on constate que depuis l’annonce du retour de Dadis Camara. Le pool des juges d’instructions qui jusque là, brillait par sa procrastination, a miraculeusement accéléré la cadence en inculpant à tour de bras des officiers militaires de l’ancienne junte au pouvoir ainsi que des personnalités civiles. La récente visite de la procureure de la cour pénale internationale en Guinée juste peu de temps après l’annonce du retour de Dadis Camara en est l’illustration. Simple coincidence ou manoeuvre politique? La Question vaut son pesant d’or même si la cour pénale internationale n’est pas encore officiellement saisie sur le dossier du 28 septembre 2009. Dadis a déjà été auditionné par la justice. Et il sait que sa réhabilitation passe inéluctablement par un procès. Une inculpation et voir même une demande d’extradition peuvent aussi être émise à tout moment par les autorités judiciaires de son pays. Son empêchement de rentrer au bercail peut s’expliquer par autre chose.
la mystérieuse sortie médiatique de Toumba Diakité,son ancien aide de c amp qui ouvrit le feu sur lui et le blessa gravement. Cause de sa chute et de son exil actuel. En lisant entre les lignes les déclarations de ce dernier: <<Il veut semer la pagaille dans le pays,s’il rentre nous tous qui sommes au dehors allons aussi rentrer>>. Bluff ou véritable menace? En tout cas ces déclarations peuvent néanmoins être prises très au sérieux car elles font planer sur le pays le risque d’une implosion. Ce qui pourrait fortement déstabiliser le pays,menaçant le processus démocratique en cours et surtout la paix. Dans la situation actuelle de la Guinée,ni la classe politique : pouvoir et opposition comprise,ni la communauté internationale,ni le pays d’accueil de Dadis,ni lui même n’ont intérêt à ce que la Guinée se retrouve dans une situation de crise politique. Le retour de Dadis se heurtera certainement à la nécessité de maintien de la paix civile en Guinée.
Abdoul Sylla
Membre de la rédaction du guepard.net chargé des questions culturelles