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Accord politique en Guinée: oui au compromis mais non à la compromission

août 31st, 2015 | par Leguepard.net
Accord politique en Guinée: oui au compromis mais non à la compromission
Politique
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Si l’accord politique conclus entre le pouvoir et l’opposition en Guinée est à saluer, des interrogations restent encore en suspens. Il s’agit des conditions de conclusions de cet accord ainsi que l’applicabilité des engagements signés surtout du côté du pouvoir qui, dans ce processus est le véritable maître du jeu.

Il est à souligner que la rencontre entre le président Alpha Condé et l’opposant Sidya Touré a permis de baliser le chemin avant que l’ensemble de l’opposition n’emboîte le pas. Cependant l’accord qui a été conclus sous l’égide des représentants de la communauté internationale au-delà de sa finalité qui est la préservation de la paix civile dans notre pays, est totalement en défaveur de l’opposition. Le pouvoir a lâché du lest uniquement parce que le président sortant le professeur Alpha Condé craint de se retrouver hors délais constitutionnel. D’ailleurs il l’a déjà exprimé lors d’un entretien qu’il a accordé à l’hebdomadaire panafricain « jeune Afrique ». L’octroi des 2 places de commissaires à la Ceni ( commission électorale nationale indépendante) à l’opposition, suite aux décès de 2 commissaires du pouvoir, la recomposition des membres des conseils communaux à la proportion des voix obtenues par les uns et les autres lors des élections législatives de 2013 et surtout l’autorisation d’un audit sur l’épineuse question du fichier électoral.

L’opposition, pour acquérir cet accord a du concéder l’inversion du calendrier électoral. Les élections communales étant reportées pour le mois de février 2016. Néanmoins, en dépit de la bonne volonté affichée par l’ensemble des 2 parties signataires, nous constatons que les 2 principales revendications de l’opposition ne pourront être satisfaites ou du moins ne le seront pas de façon efficace, dans la mesure où le temps presse. la recomposition des membres des différents conseils communaux représentés sous la forme et le vocable de délégations spéciales ainsi que l’audit du fichier électoral ne pourront se faire correctement avant le 11 octobre.  Le travail serait totalement bâclé et il faudrait s’attendre à des larmes de crocodiles à la fin du processus. Dans la situation politique actuelle de notre pays, un report aurait été nécessaire afin d’obtenir un respect scrupuleux des engagements. Comme le dit-on souvent: << le diable est dans les détails>>. Les missi dominici de la communauté internationale sont rarement impartiaux dans leurs médiations. Il est à rappeler que Said Djinnit, le diplomate Algérien souvent désigné comme médiateur dans de nombreuses crises politiques en Afrique, a été tout récemment éconduit tel un soupirant maladroit par l’opposition Burundaise.

L’épineuse  question du fichier électoral reste sans conteste la pomme de discorde entre le pouvoir et l’opposition guinéenne. Des personnes, dans leur obstination à faire gagner le président sortant dès le premier tour, ont établi une liste électorale qui pourrait faire passer en force ce dernier sans passé par un second tour rien qu’avec le vote de son fief électoral (les régions de Kankan et de Faranah). Pour y parvenir, un fichier électoral totalement ubuesque a été établi pour la circonstance. Ils ont réussi à attribuer à la région de Kankan plus d’électeurs que Conakry: la capitale. Avec tout le respect que nous devons à nos compatriotes originaires de cette formidable région du pays ainsi qu’à ses habitants, on peut aisément comprendre que le nombre d’électeurs est lié au nombre d’habitants. Conakry et sa banlieue constituent la zone la plus peuplée de la Guinée. De tels agissement  au-delà de leur caractère risible, sont constitutifs de graves manquements aux principes démocratiques d’une élection transparente.

Le slogan des partisans du pouvoir: << Un coup K.O>> se justifiant par ces manoeuvres frauduleuses. Car on a plus de chance de mettre son adversaire K.O sur un ring de boxe en cognant avec des poings américains qu’avec des gants de boxeur. La bataille devant se livrer entre le pouvoir sortant et l’opposition est à ce jour totalement déséquilibré. Participer à des élections dans les conditions actuelles serait tout simplement accompagner le président sortant vers sa réélection. Le pouvoir actuel n’aurait nullement le droit de pavoiser d’une telle victoire, qui serait totalement discréditée. L’un des plus grands problèmes que connaît notre pays, est le manque de respect des gouvernants pour les citoyens. La principale raison de ce mépris est le fait que le vote du citoyen n’a jamais réellement compté. Les élections ont toujours été de simples formalités de prolongation de durée au pouvoir.

 

Si la communauté internationale ( O.N.U, U.E, U.A, C.E.D.E.A.O, Francophonie etc) veut nous aider, elle doit faire en sorte que le principe: <<un homme ou une femme: une voix>> soit respecté à la lettre afin que les gouvernants devant être élus, quelques soient leurs bords politiques se mettent réellement au service du peuple en se préoccupant de ses aspirations.

 

 

 

Sylla  Abdoul  membre de la rédaction du guepard.net

 

 

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