L’ex-Premier ministre guinéen Sidya Touré, candidat à la présidentielle, se disant particulièrement ciblé par la fraude imputée au pouvoir lors du premier tour dimanche, a annoncé lundi le retrait de ses représentants des instances électorales pour ne « pas cautionner » ce processus. Cette décision fait suite à la demande d’annulation du premier tour par les sept adversaires du président sortant Alpha Condé à ce scrutin, lors d’une conférence de presse lundi. « Notre constat est que les anomalies observées dans les différents bureaux de vote sont particulièrement ciblées dans les fiefs de l’Union des forces républicaines » (UFR), a déclaré à l’AFP M. Touré, président de l’UFR et arrivé en troisième position en 2010, derrière M. Condé et le chef de l’opposition Cellou Dalein Diallo. Dans un communiqué, l’UFR invoque la « fraude qui a particulièrement visé » son candidat et précise agir « en conformité avec la décision solidaire des sept candidats à l’élection présidentielle de ne pas reconnaître les résultats ». « L’objectif est très clair, c’est un objectif qui a toujours été celui du gouvernement: éliminer le parti le plus consensuel qui puisse exister, pour maintenir toujours la fracture politico-communautaire que les uns et les autres veulent entretenir », a estimé M. Touré. MM. Diallo et Condé tirent la majeure partie de leurs suffrages de leurs communautés respectives, les Peuls et les Malinkés, les deux plus importantes du pays. « Nous en avons tiré les conclusions parce que dans tous nos fiefs, les résultats qui nous ont été remontés ne correspondaient absolument pas à ce qui a été proclamé » au niveau des bureaux de vote, a ajouté l’ancien Premier ministre. « A Kaloum (quartier administratif de Conakry où Sidya Touré est populaire, NDLR) on vous donne des scores +soviétiques+, ou dans ma propre cour familiale, à Boké, j’ai 7 voix, Alpha en a 145 », avait-il auparavant ironisé, lors de la conférence de presse. M. Touré a ensuite précisé à l’AFP que « le bureau exécutif de l’UFR s’est retrouvé et a décidé de retirer nos représentants au niveau des bureaux de centralisation du vote parce que ces commissions ne fonctionnent absolument pas selon les règles indiquées par la loi guinéenne ». « Nous n’allons pas admettre cela, nous n’allons pas cautionner cela, nous préférons donc nous en retirer », a-t-il conclu. Les deux précédents scrutins en Guinée, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013, ont été entachés par des violences et des accusations de fraude.
Source APF.