A.O.T. Diallo
Bienvenue à mon bilan du 11e mois de l’An 05 de la Condécratie, un modèle de démocratie stalinienne avec très peu de travail, justice et solidarité ; un subtil mélange de communisme à la FEANF et d’affairisme sans scrupules. Je continue donc mon exploration mensuelle des méandres des décisions importantes pour la Nation prises par nos nouveaux chefs en proposant des pistes de réflexions et d’actions qui pourraient être envisagées pour que le « vrai changement » soit effectif.
- Echantillon de paroles et pensées présidentielles du mois : « C’est avec une grande tristesse que je vois partir Mr l’ambassadeur. On a souvent des accrochages. Parfois nos discussions sont très houleuses mais finalement on se met toujours d’accord parce qu’il n’y a pas deux vérités. Quand vous discutez, à un moment donné la vérité apparaît quand on est de bonne foi… Nous espérons que vous viendrez faire des vacances en Guinée. Nous aurons le plaisir de vous recevoir. Les portes de la Guinée vous sont ouvertes à tout moment, nous espérons que vous viendrez finir votre vie en Guinée » (le 05, lors du banquet offert à l’occasion du départ de son meilleur pote en Guinée, l’ambassadeur des USA) ; « Cela fait cinq que je suis à la tête du pays, je connais bien maintenant la Guinée, personne ne peut me prendre en otage… Beaucoup de cadres s’activent, ils forment des clans mais, je n’accepterais pas, je mettrai des gens à la place qu’il faut. Il y a trop de clans, laissez-les s’agiter entre eux, aucun militant ne doit se laisser manipuler, surtout les femmes et les jeunes. Tout ce qui se passe en Guinée je le sais, les clans je les connais mais je ne serais prisonnier de personne. Je formerai un Gouvernement en âme et conscience pour faire avancer la Guinée. Les hommes politiques ils feront la politique, la gestion ça sera les gestionnaires… Ne vous laissez pas manipuler par des gens qui veulent être ministres, une fois qu’ils le sont, ils vous ignorent. Les cadres qui battent la campagne pour être ministres, une fois qu’ils le deviennent, ils ignorent ceux qui l’ont choisi, ils oublient tout le monde. Pire, il y a parmi eux qui changent même leur numéro de téléphone. Ils rejettent tout le monde… Ce ne sont pas les malinkés qui m’ont élu, ni les soussous, ni les peulhs et moins encore les forestiers, je suis le Président de tous les Guinéens. L’alliance de 2010 m’a amené à nommer des bandits comme Télliano dans le gouvernement et des menteurs comme Papa Koly. Cette fois-ci, le peuple m’a donné le plein pouvoir, il faut qu’on aille devant, je suis libre, je n’ai pris l’engagement avec personne, c’est le peuple de Guinée qui m’a élu. Il y a trop de manœuvres, Il y a trop de plans. Je suis venu ici, je ne dois mon élection à personne, je le dois au peuple de Guinée, les gens sont restés sous la pluie, sous le soleil… Je fermerais toutes les écoles Franco-arabes d’où les élèves portent des voiles intégrales. Je ne veux pas que ce qui s’est passé au Mali se passe en Guinée. Alors, que tous les Guinéens prennent leurs dispositions, quand tu vois un étranger chez toi, tu ne connais pas sa destination, il faut lui demander, s’il ne te donne pas de bons renseignements, fais appel aux autorités. Il faut que tout le monde fasse le policier » (le 21, lors d’une mamaya de ses fanas au bureau central du gouvernement – le siège du RPCé) ; « Et aujourd’hui, je suis vraiment fier du peuple de Guinée. Ça veut dire que la Guinée est un havre de paix. Alors il faut que la Guinée soit un havre de paix. Pour cela, il faut que chacun de vous se mobilise. C’est la population qui sait ce qui se passe… (pour les 2 ministres limogés la semaine précédente) je les ai démis de leur fonction parce qu’ils faisaient du n’importe quoi. Ils ont donné des agréments à des gens qui viennent pour essayer d’endoctriner nos enfants. On a des maîtres d’écoles, on a des imams. On n’a pas besoin que des étrangers viennent endoctriner nos enfants… Quelqu’un qui porte le voile intégral, si c’est un homme, on ne sait pas. Il peut cacher un fusil et tirer sur les gens. C’est pourquoi, je vous demande maintenant d’être extrêmement vigilants. Tout étranger qui vient, il faut savoir c’est qui. Il ne faut pas attendre ce qui est arrivé au Mali, ça sera trop tard. C’est maintenant que nous devons prendre des dispositions… J’ai demandé au gouverneur de vous réunir. La sécurité est dans vos mains. Vous connaissez les bandits, vous savez où ils sont ; si vous n’êtes pas complices. Aussi, les fonctionnaires qui demandent de l’argent aux gens, vous le savez, c’est vous qui devez nous aider à les dénoncer. On ne doit pas vous demander de l’argent. Si vous savez, vous les signalez. C’est vous qui êtes complices si la Guinée marche mal. Vous connaissez les fonctionnaires qui font la corruption. Vous êtes complices parce que vous n’acceptez pas de les combattre. La Guinée marche sur sa tête, je veux maintenant qu’elle marche sur ses deux jambes. Alors, je compte sur vous pour qu’on marche sur nos deux jambes » (le 24, lors d’un monologue magistrale devant les chefs de quartiers de Conakry) ; « Je salue la présence d’hommes de science de haute éminence en Guinée » (le 27, à l’ouverture d’une rencontre de médecins et biologistes à Conakry).
- Pour : vraiment le boss commence toujours bien ses discours avec ses habituels « merci beaucoup, nous sommes tous frères et sœurs – même père même mère – même si vous êtes tous des incapables, malhonnêtes et voleurs ». Mais hélas dès que la 1e demi-heure est passée, patatras à tous les coups. Bizarre que les seuls maitres qu’il craint sur terre (tonton François, Kouchner, Bourgi I and II, Soros et Blair) n’aient pas pu lui faire comprendre cela. Mais bon nous constatons qu’avec la version 1.5 en cours depuis 3 semaines certains bugs de la précédente la version 1.0 pourraient être atténués voir éliminés alors nous prions, la seule activité qui se fait de manière professionnelle au bled.
- Contre : Prési, il faut cesser toutes vos accusations publiques contre les chefs de quartiers alors que c’est vous qui tirez toutes les ficelles pour leurs choix. Ils savent tous que vous êtes le seul garant de leur immunité et leur plus grand supporteur à leurs postes de bandits autorisés, ce qui leur donne justement des ailes pour exceller tous les jours. Ils n’ont que deux conditions à remplir pour mourir à leur poste : les costumes 3 pièces jaunes tous les jours et 4 heures à mamayer tous les samedis au siège du parti. Pardon il faut chasser tous les fouineurs de la presse avant de leur parler ainsi vous pourrez tous rigoler un bon coup après votre speech. Et puis si la fermeture des écoles coraniques où les filles portent le voile intégral est votre principale parade contre les attentats terroristes en Guinée alors nous foutus. Parlez-nous plutôt de toutes les recenser et monitorer professionnellement, d’exiger qu’elles fournissent régulièrement toutes leurs sources de financement et évaluez leurs enseignants pour en extraire les graines pourries. Idem pour les nombreuses mosquées extrémistes dont les lieux et financements louches sont connus de tous, y compris justement pour l’imposition du voile intégral aux maris en échange de quelques billets verts ; si au moins les pauvres femmes bénéficiaient financièrement de leur calvaire journalier mais au contraire le montant sert surtout à leur choisir rapidement 3 coépouses dans leur maison. Il existe en outre un paquet d’autres mesures efficaces sur les plans sécuritaires, administratifs et financiers indispensables pour contrôler correctement ce problème grave alors pardon placez votre solution-bidon en fin de peloton. Lisez un peu les journaux et l’internet puisque vous jurez ne jamais le faire, même si c’est le dimanche aprèm et vous apprendrez beaucoup de choses.
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- Les décisions et actions « positives » du mois ; le 31 octobre, pendant que ses fanas sablaient au kinkéliba à Conakry le Boss recevait son « pire opposant » pour un brunch dans un resto chic de Paris, celui qu’il avait forcé à l’exil pour avoir refusé de participer à son auto-attentat de septembre 2011 ; le 04, nous apprenons que le PPAC aurait bloqué l’accès au palais Satanya à la majorité des hauts cadres qui meurent de trouille pendant les démarches pour leur maintien ou mieux, pour des promotions fulgurantes suite aux services griotiques réussis au delà de toute espérance initiale. La vie de courtisans est dure, Walahi et les albinos ont tous fui le pays. Le boss nous fait encore une fois rêver d’une métamorphose supérieure à celle de la chenille hideuse en beau du papillon rouge-bleu mais avec lui nous avons appris à rester très prudents car son point fort depuis 5 ans a toujours été « le poids des mots – la légèreté du suivi » ; le 19, conformément à ses promesses PPAC-new look poursuit le nouveau modèle de décrets « faute lourde – K.O. ». Les malheureux bénéficiaires sont le ministre de l’intérieur, le pape de la ligue musulmane et son adjoint. C’est la 2e promotion après leurs potes de la télévision nationale le mois dernier ; le 23, le tant redouté contrôle digital de la respiration effective des fonctionnaires publics et de leur présence ces jours-ci en Guinée commence. J’ai accompagné un copain pointer un matin et le planton lui a lancé à l’arrivée « Eh paton, tu è passé par tank-iou ? » ; Thank You est le message suavement délivré par une voix surement chinoise lorsque le monstre reconnait sa proie ; le 28, Air Sanseman décolle pour la COP21 à Paris. Pendant son dimanche entre copains de vieux parigot plein aux as dans sa suite du palace Raphael il reçoit de nouveau son « pire opposant » et un second couteau, veritable toupie dans le microcosme politique local. Ils semblent tous presque d’accord sur les modalités de la libération de tous les prisonniers et exilés politiques ainsi qu’une petite mue du boss. PPAC 1.5 du 11 novembre 2015 se transformera en PPAC 2.0 le 14 décembre 2015, promis-juré.
- Pour : le mélodrame électoral étant fini soyons pragmatiques en rangeant un peu les haines et insultes et en poussant tous nos politiciens à faire enfin de vrais efforts pour que dans les prochains 2.000 jours les conditions de vie des Guinéens d’en bas (98%) s’améliorent un temps soit peu car ils sont les seuls qui galèrent vraiment dans le foutoir journalier de la vie ici. Pour moi toute petite avancée allant dans le sens de diminuer leurs souffrances et de les rapprocher de l’agenda social promis par la mafia régnante depuis 1959 est désormais à soutenir et encourager. Si les petits signes d’ouverture de PPAC 1.5 vers ses opposants, prisonniers politiques, exilés forcés et nos rares cadres compétents sont un peu plus qu’une simple envie d’achever son principal adversaire, so be it ! Je me prépare en même temps à une très possible pirouette à 180 degrés, mais bon tout le monde sait maintenant que ce risque est identique avec tous les autres politiciens locaux. Il ne lui reste plus que quelques années, cinq si Dieu est généreux vu que notre espérance de vie à la naissance est de 50 ans, alors il a intérêt à faire réécrire rapidement les dernières lignes de sa bio dans le Larousse et les encyclopédies. Pour être encore plus positif sur le sujet, si un opposant ou deux obtiennent la libération effective de tous les prisonniers politiques et le retour pacifique des exilés alors que seuls les DDHistes ne s’en sont préoccupés depuis 4 ans, alors moi j’irais les voir à leur retour pour leur dire un grand merci. Toutes ces pauvres personnes innocentes passeraient encore 5 ans dans notre enfer carcéral si nous attendons les petits arrangements entre coquins dans le marigot politique actuel alors qu’eux sont dans la bombance permanente. Demandez aux Fatou Badiar, AOB, « mateur » Thiam et surtout les 3 jeunes guerriers de l’UFDG que j’avais tant admiré au cours du procès de l’auto-attentat du PPAC ce qu’ils pensent de leurs leaders et de ces soi-disant « traitres » si dans quelques jours ils rentrent dormir chez eux.
- Contre : sacrée Cour Constitutionnelle, elle a commencé par balancer les résultats finaux de l’élection et a ensuite examiné et rejeté immédiatement tous les recours de l’opposition. Le boss était trop inquiet et bouillait d’impatience dans sa suite du Raphael hôtel de Paris. Pour les trois nouveaux décrétés-OUT on peut néanmoins considérer que ces distinctions sont pour couronner l’ensemble de leurs fautes lourdes entassées depuis des décennies autour du pouvoir mais la goutte de trop a été d’avoir confirmé leur amateurisme et laxisme totaux lors d’une vendetta entre deux familles rivales dans la ville sainte (musulmane) de Touba pour une histoire de 2e mosquée supposée profanatique. Bilan : 2 diaspos venus de Paname massacrés au coupe-coupe et à la hache. Franchement c’est vraiment chaotique d’être Parigot maintenant : tu vas prendre ton demi ou ta pizza sur ta terrasse préférée, on te canarde cadeau. On te retape un peu au CHU et tu vas ensuite écouter du Hard Rock Métal en boite et rebelote. Quand enfin tu décides de venir laver tous tes péchés par un petit pèlerinage dans ton village d’origine avant de reprendre la hi-life de titi parisien on t’y accueille avec des coupes-coupes et cette fois il n’y a de disponible qu’un infirmier pour confirmer que ton cœur ne battra plus jamais – la vie est dure, Walahi ! Pour le pointage électronique tout nouveau-tout beau il y a déjà tellement de bugs informatiques que dans certains ministères, après avoir pointé il faut passer par un bureau où on doit s’enregistrer et signer manuellement, c’est ça aussi nos affaires locales d’informatique et de Kaléta, on ne sait jamais. Dans un des ministères un brave guerrier, excédé de venir tous les jours au bureau pour la 1e fois depuis des décennies a essayé de couper les vaisseaux sanguins (les fils électriques) et de dépecer la bête électronique ; depuis il y a un agent de sécurité pour surveiller. Ca va couter cher aux milliers de diaspos qui touchent tous les mois en même temps leurs cacahouètes gouvernementales au pays et leurs salaires et allocations en Occident. Connaissant les prouesses de nos « fonctionneurs » nationaux il est fort probable de découvrir très bientôt des machines clandestines identiques dans toutes les grandes communautés de guinéens à l’étranger. Le principal problème non résolu par cette nouveauté est que 90% de ces agents publics viennent depuis pour trainer dans les couloirs crasseux, lire des journaux, jouer au jeu populaire Patience ou refaire la Guinée par groupes ethniques rivaux dans des bureaux ventilés puisque tous les dossiers techniques juteux sont monopolisés jalousement par les 2-3 bosses « en haut d’en haut » mais bon, ça c’est un autre obstacle que PPAC 2.0 éradiquera sans aucun doute donc les nombreux amnésiques locaux attendent stoïquement à la prochaine mue positive miraculeuse.
- Les décisions et actions « négatives » du mois : le 31 octobre en fin de soirée la Cour Constitutionnelle met fin au mardi-gras électoral avec 48 heures d’avance. Le suspens était intenable. Papy rempile pour 5 longues années et écrase la concurrence avec un super score de 57,84% au 1e tour ; le 07, la Sierra Leone fête la fin officielle de l’épidémie d’Ebola dans le pays. Le Liberia l’avait déjà réussi depuis plusieurs mois. Il ne reste plus qu’un seul Lebola-land dans la sous-région, toujours 1e dans le mal et toujours dernier dans le bien ; le 07, Air PPAC décolle pour Malte pour prendre part au sommet sur la migration. Pauvres migrants, même notre boss veut donner des conseils sur la gestion de leurs problèmes ! Comme d’hab. il passe d’abord dans son pays (la France) pour quelques petits bizness présidentiels et il y reviendra ensuite pour ses adieux aux ses oncles et cousins avec un petit crochet en cachette à Bruxelles avant de retourner sous les tropiques – 11 jours de congés-palaces, à mes frais en plus. Les mauvaises habitudes ont la vie dure et seront certainement impossibles à contrôler pendant les 5 prochaines années ; le 09, les prisonniers du plus grand mouroir public, la prison centrale de Conakry décident qu’eux aussi ont droit à leur « 1 coup – Chaos ». Ils font des trous dans les murs (de simples cuillères et fourchettes suffisent pour cela), près d’une centaine d’entre eux sortent dans les rues et certains tirent en l’air avec les armes généreusement abandonnées par leurs gabelous pour pouvoir fuir une mort certainement très douloureuse, vu ce qu’ils leur font subir tous les jours. Certains échappés ayant constaté l’état encore pire de leurs quartiers depuis leur incarcération du siècle dernier se sont directement rendus aux poursuivants pour fuir cette horreur. Vraiment le 09 sera une journée inoubliable pour les Conakrykas avec coups de feu des bandits de grand chemin, policiers courant comme des poulets sans tête et gendarmes en fuite, officiers en tête du peloton. Business as usual – vive le Sanseman ; le 11, le Président de la Cour Constitutionnelle annonce que le PPAC prêtera serment le 14 décembre et son investiture aura lieu le 21 décembre, soit plus de 2 mois après sa « réélection chaos ». Deux mamayas ça rapporte beaucoup plus qu’une seule pour les bouffons victorieux mais affamés. Mais nous les petit-Mamadou sommes vraiment pressés parce que l’administration est encore plus bloquée que d’habitude (si c’est même possible). Après toutes ces émotions électorales et la crainte d’un échec retentissant promis-juré par ses opposants, il faut comprendre qu’un papy prend plus de temps de récupération pour retrouver ses esprits qu’un cadra ou quinqua comme presque partout aujourd’hui sauf dans les démoncratures restantes ; le 24, PPAC 1.5 nous fait du PPAC 1.0 : il convoque tous les chefs de quartiers de Conakry pour leur expliquer en détail comment traquer et dénoncer les terroristes et en même temps leurs adversaires dans leurs quartiers. A la fin de son monologue le gouverneur de la capitale, ravi de ce nouveau business a déclaré à la presse avoir donné 72 heures aux chefs de quartiers pour lui remettre « la situation des étrangers résidant dans leurs zones respectives ainsi que des bars-café, mosquées et même des groupes sociaux dont les mœurs et les coutumes travestissent les religions pour prendre des dispositions contre tous les travers sociaux, les bars, la drogue et aussi engager la lutte dans la sécurité sanitaire contre Ebola qui n’est pas encore fini ». Pour faire encore plus de zèle le préfet de la ville de Nzérékoré prévient démoncratiquement « Ne soyez pas surpris qu’on aille fouiller même sous vos lits quand il y a des étrangers… Celui qui n’a pas l’habitude de venir chez toi, s’il vient il faut se demander ». Vive cette nouvelle opportunité pour escroquer les Portho (blancs et autres étrangers) qui de toutes façons sont « bourrés aux as et transpirent le beurre qu’ils mangent tous les matins » – les derniers investisseurs vont foutre le camp cette semaine ; le 28, une foule en colère a attaqué la prison civile de Kouroussa, ville aurifère de la Haute Guinée et a extrait trois civils et un policier parmi les détenus pour les lyncher à mort et le bandit-chef a ensuite été braisé pire qu’un poulet de maquis. Plusieurs d’entre eux ont ensuite filmé professionellement leurs exploits – une exigence de You Tube aujourd’hui. Une rumeur avait été lancée en ville disant que les autorités locales allaient les libérer suite à la condamnation fantaisiste du 1e à comparaitre devant le juge là 6 jours de prison et environ 40 USD pour le meurtre d’un innocent ce mois-ci. Les RPCé du coin doutent beaucoup de la justice du Sanseman depuis toujours donc ils appliquent immédiatement et régulièrement leur justice populaire pour les bonnes et mauvaises raisons que ce soit des autochtones ou « étrangers » guinéens ou vrai-vrai. Mais bon ce n’est pas trop grave pour le pouvoir central, le plus important c’est qu’ils « voteront l’unique candidat » jusqu’à sa mort.
- Pour : comme chaque mois : R.A.S. (Rien A Signaler)…
- Contre : je me demande quand le boss va comprendre qu’il n’y a qu’une seule solution pour arrêter l’épidémie de L’Ébola : faire quelques décrets « faute lourde – KO ». Vos gestionnaires sont plus dangereux que les directeurs de la télévision nationale car responsables des vies et surtout des morts de milliers de guinéens. Une petite précision néanmoins pour les alarmistes habituels : la fin de cette épidémie ne veut pas dire qu’il n’y aura plus jamais un seul cas dans le pays. C’est plutôt, pour résumer, la certitude des experts de 42 jours sans nouveau cas permettant ainsi la mise en place d’un système performant et efficient de prise en charge dès qu’un nouveau cas apparaitra afin de l’isoler correctement et l’empêcher de contaminer qui que se soit – ce qui est quasiment impossible pour le moment avec l’équipe de gestion actuelle de l’épidémie. Les 3 nouveaux cas du Liberia ce mois-ci ne sont donc pas une grave catastrophe nationale d’autant plus que le système de surveillance et de contrôle a bien fonctionné. Pour le lancement du 2e mandat en 2 phases, comme les nominations des ministres en 2011, certaines sources disent que les copains big-maçons ne peuvent venir après le 15 décembre vu qu’ils ont des calendriers déjà pleins en fin d’année à Aspen, Marbella et Shanghai. Une petite fête vite fait est donc obligatoire avant cette date pour garantir la photo souvenir d’un nouveau sacre africain sur TV5 et France 24. Puis la 2e mamaya sera pour nous le menu fretin et nous pourrons ainsi chanter en chœur et à tue-tête « Vif Paton, vif RPCé » pour consommation uniquement locale sur la RT-PPAC.
- Formations, séminaires, ateliers, colloques et autres « rendez-vous du donner et du recevoir » du mois : atelier de formation des maîtres d’école sur les notions élémentaires de la protection de l’environnement par la de la Fondation pour les Chimpanzés sauvages ; 4e session de la plateforme de consultation entre les organisations de la société civile et les acteurs de la réforme de l’Etat, autour de la réforme du secteur de la sécurité ; revue à mi-parcours du PFSP (projet filets sociaux productifs) ; séminaire sur les effets du recyclage sur l’environnement ; atelier d’échange d’expériences des journalistes sur la lutte contre Ebola ; séminaire des syndicats des transporteurs sur la prévention d’Ebola ; séminaire extraordinaire su le thème « Prenez le Virage du Succès (PVS) (!) ; atelier régional sur la formation professionnelle en Afrique de l’Ouest et du Centre ; journées d’échange d’expériences de la HAC (Haute Autorité de la Communication) sur l’évaluation de la campagne présidentielle pour le volet communication ; formation des cadres du contrôle de qualité des produits commerciaux, de la pêche et de l’élevage ; atelier de renforcement des capacités des experts nationaux sur les effets secondaires des vaccinations ; atelier d’élaboration de la stratégie nationale de gestion des décès communautaires ; assises d’évaluation de la baisse de la fréquentation des structures de santé de la commune de Matam ; atelier scientifique international sur les vaccins contre les épidémies d’origine virale et d’autres épidémies qui frappent l’Afrique ; séminaire régional de formation du personnel, des points focaux et des représentants des organisations de la société civile OSC) sur le processus de réconciliation nationale ; formation des journalistes sur le programme « système de qualité de l’Afrique de l’Ouest » ; atelier de présentation des résultats de l’évaluation du programme de lutte contre le paludisme ; forum des métiers de volontaires du service d’action civique (SAC) ; séminaire d’élaboration du plan et du budget 2016 de la SEG (société des eaux de Guinée).
- Pour : le séminaire-bizness (20) va beaucoup mieux ce mois-ci pour 2 raisons à mon avis : L’Ébola-formation se fait de plus en plus créative pour des nouveaux thèmes puisque même les plantons de la fonction publique ont eu leur séries multiples de spécialisations et ma présence à Conakry ce mois-ci ce qui me facilite le recueil de certaines perles qui m’échappent quand je suis loin de la scène des crimes. Pour la Fondation des chimpanzés j’espère qu’elle a bien fait le tri des participants avant de commencer le séminaire car dans notre foutoir national même quelques singes ont du essayer de se faufiler pour obtenir des perdiems puisqu’on ne parlera que d’eux pendant cette fête du donner et du donnez ! Le séminaire extraordinaire sur le succès a été un succès planétaire, Walahi !
- Contre : L’Ébola-bizness c’est très bientôt fini alors il faut foncer un max pour bouffer les derniers sous possibles. La tache sera néanmoins plus ardue avec l’apparition de la nouvelle épidémie de décrets « faute lourde – K.O. » encore plus mortelle pour la coordination de lutte et tous ses appendices budgétivores. Pour les « assises-sur une fesse » pour la non-fréquentation des formations sanitaires les conclusions du personnel médical étaient sidérantes : si tout le monde les fuyait c’était parce que les populations ne savent pas la qualité de soins qui leurs sont offerts pour pas cher – donc la solution proposée a été de faire des campagnes de sensibilisation et de mobilisation communautaire pour ramener tout ce beau monde vers lui. Les américains appellent cela « garbage in – garbage out ». Tant qu’ils ne reconnaîtront pas que la population est convaincue qu’elle a plus de chance de survie par l’automédication qu’en allant les consulter ces structures sanitaires resteront vides. Vraiment nos petits bosses sont intrépides : ils veulent nous faire croire que tout le gotha scientifique va se retrouver à Conakry pour décider de la suite de la recherche sur les traitements des maladies virales. C’est comme dire que le cancre de la classe a invité tous ses copains pour une rencontre sur les progrès des technologies du futur. Toute personne avertie sait que tous ces « hommes de science de haute éminence » selon le PPAC viennent surtout en visite touristique sanitaire pour voir à quoi ressemble le dernier système de santé du XXIe siècle incapable de gérer une épidémie potentiellement majeure pour l’humanité. Un pays qui peut faire pire que le Liberia et la Sierra Leone pour gérer une menace mondiale. Toutes les grandes décisions mondiales de prises en charge correcte, de prévention et de protection sur ce sujet sont déjà prises depuis longtemps. Ces adjoints experts vont donc écouter poliment en cachant leur fou-rires notre boss et son équipe de savants locaux, ensuite et surtout ils vont faire des visites de terrain pour explorer et analyser les derniers CTE en fin d’activités. Cette analyse est basée sur une longue expérience professionnelle dans ce domaine précis car j’ai participé à ce genre de mission dans des « failed states » quelques fois. Ils vont rentrer pour tirer de vraies conclusions basées sur leur visu à Brazza et Genève. Une fois encore l’arrogance narcissique et la naïveté nationale, celles qui nous ont fait chanter et danser 5 fois pour des criminels au pouvoir sont vraiment tristes, pitoyables et peut-être incurables.
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- Pour conclure quelques suggestions SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalisables, Temporellement définies) pour changer le changement :
Moussé Alpha et Oméga de la transformation positive pardon faites moi mentir au moins une fois avant de nous quitter. Vous allez nous tuer d’espoir et de rêves insensés Walahi ! Tous les guinéens des salons, mosquées, églises, maquis, bureaux, claviers, lits et sol pensent que cette fois-ci est la bonne, que vous allez mettre la dèche à la poubelle. Ils sont persuadés que vous êtes le 1e baba-cool sur le retour qui changera totalement son modus-opérandi après une victoire-façon. Les bonnes et mauvaises solutions qu’ils proposent actuellement dans la presse et sur les forums guinéens ne sont que des éléments préliminaires d’un plan progressif de restructuration totale de la Nation, s’il est mené de manière professionnelle par des technocrates et politiciens patriotes. Ce qui manque ici, à mon avis, pour que toutes ces suggestions deviennent réalité est l’étincelle qui peut donner la chance d’y parvenir, la mise en place d’un nouvel « éthos du développement » (voir le bouquin de Jean Lacouture je crois). Tant que ceci n’aura pas lieu au départ il n’y aura que rêves, illusions, désillusions et désespoir final. De toute façon, ce genre de processus une fois lancé s’autorégule et s’améliore progressivement. Dans ce sens mon avis, vu le contexte purement politique de haine ethnique actuel il n’y aura qu’un seul processus qui pourrait aboutir a ce nouveau départ : un dialogue national apolitique sur notre passé, notre présent et notre futur. Un véritable processus professionnel de Vérité-Justice et Reconstruction de la Nation. Les hommes de Dieu auront leur rôle aussi, mais à la fin, pas au début. Le prétexte d’utiliser le cas de Desmond Tutu pour le justifier est totalement erroné. Il a été choisi pour son rôle de leader incontesté de la Société Civile dans la lutte contre l’apartheid et de plus grand combattant des DDH, même plus que Madiba, C’est la raison également pour laquelle un prix Nobel lui a été décerné, pas pour avoir dirigé des messes du dimanche et accompli de fréquents pèlerinages à Rome. Je ne dis pas que c’est la panacée et si d’autres compatriotes ont d’autres solutions SMART il serait intéressant d’en discuter mais le « business as usual » sans un déclic fort et unificateur n’aboutira qu’à la répétition cyclique de ce que nous vivons depuis 60 ans…
Un compatriote éclairé (Moussa Dioumessy) de passage à Conakry a fait une description bien fouillée, analytique et humoristique de la pourriture avancée de l’administration publique. Mon constat après une absence de près de 2 ans est pratiquement identique et le cancer s’est même aggravé et métastasé. Il y a un seul point d’analyse que je ne partage pas totalement : « la disgrâce installe les débarqués dans une dépression sournoise, ils ne le réalisent pas qu’ils n’ont rien perdu puisqu’ils n’avaient rien ». C’est vrai que tous les mecs au garage de la République sont fortement déprimés sans le savoir et sans traitement adéquat pour en sortir mais c’est justement parce qu’ils ont TOUT perdu. Je vois des jeunes devenus récemment haut-fonctionnaires de la mangeoire dont les familles démarrent les vacances annuelles en Europe ou aux USA à nos frais, en préparant doucement leur transfert urgent prochain avant leur « décret faute lourde – K.O. ». Il faut savoir que la mangeoire de Guinée est en fait le désordre le mieux organisé au monde et que le quitter correspond effectivement a une prison sans barreaux jusqu’au prochain poste d’où tous les moyens y compris amoraux pour revenir dans les grâces. Et les « jeunes » recrues venus même d’Occident sont encore pires car plus malins que les baba-cool souvent périmés du système. Alors le slogan mille fois chanté ici et ailleurs de « la jeunesse au pouvoir comme solution » est la pire des blagues courantes des amnésiques locaux et de la diaspora. Tant que l’on ne s’attaquera pas radicalement et sans pitié au système, avec tolérance zéro et punitions qui font mal, rien ne changera dans notre pays. Le nettoyage au karcher de Sarkozy n’a jamais été plus approprié et tant que nous n’aurons pas un Rawlings, Kagamé ou Khama au pouvoir pour 10 ans minimum RIEN ne changera dans ce chaos hyper-organisé. Pour régler définitivement et complètement un problème il faut bien identifier les causes et poser des solutions efficaces. Changer une CENI politique en une CENI technique c’est comme mettre du sparadrap sur une fracture ouverte, ça ne fera que cacher la plaie hideuse
Tic-tac, Tic-tac, la montre tourne ; aujourd’hui est le 1805e jour du « changement radical » et du « Guinea is back » – déjà 4 ans, 11 mois et 10 jours. Tous ceux qui se lamentent aujourd’hui en disant que ce sont des personnes inefficaces et inconscientes qui ont obtenu ces résultats électoraux et ce bilan de 1e quinquennat n’ont toujours pas compris la dynamique de ce qui tue la Guinée. Ne rêvons pas, cette attitude est 100% volontaire, bien préparée et avec succès. Ce sont de exemples de « l’ignorance optimale et de l’imprécision appropriée » développés de mains de maitres. Cette machine machiavélique qui gère la Guinée de mieux en mieux depuis 1959 et croyez-moi aucune institution nationale ne changera d’un pouce en mieux tant qu’elle est en place. Je suis en ville depuis la mi-novembre et je suis effaré de constater que RIEN ne se passe. Papy est allé deux fois chez lui (Europe) et a du une fois renvoyer sa cour pléthorique qui lui coutait vraiment trop cher et l’empêchait de reprendre ses petites habitudes d’enfance. La fonction publique et les sociétés privées sont toutes devenues des lieux de papotage où chacun balance la sauce et les docs exclusifs sur le prochain gouvernement. Nos dizaines de sociétés civiles rivales se contentent de symposiums et forums, faute de mieux par ces temps de vaches maigres et nos politiciens s’entredéchirent par des propos excessifs et insultants tous les jours à 10h00 dans les radios FM et à l’incontournable maison de presse largement garnie en raison des sandwichs et coca de remerciement assurant ainsi une pub à peu de frais et le buzz garantis. Et le pire c’est que je suivais tout cela bien mieux de Babylone que dans notre paradis national en raison des MBD journaliers (mariages, baptêmes, décès). Notre pays ne me ronge même plus et ne me fait plus pleurer intérieurement – c’est triste de le reconnaitre mais c’est bien vrai…
30 Novembre 2015
A.O.T. Diallo
NB : vous pourrez suivre chronologiquement cette série et les précédentes (depuis le début du changement en Guinée en janvier 2007) sur mon nouveau blog: https://aotdiallo.wordpress.com/