Si la destitution de Monsieur Alpha CONDÉ, devenu un simple USURPATEUR autocrate a suscité l’enthousiasme des Guinéens, le « colonel » DOUMBOUYA autoproclamé président, et de plus en plus ivre de lui-même, inquiète. Il a plutôt suscité une perplexité, ensuite une méfiance, et peut-être maintenant une hostilité.
Certains petits « détails » en apparence anodins autorisent à écrire qu’il « y est, il y reste », ou encore qu’il s’est déjà mis au service de clans familiaux bien IDENTIFIÉS. Du jour au lendemain, les photos du « colonel » autoproclamé « président » ont recouvert tous les lieux publics, des places des marchés aux bureaux administratifs et privés. Il n’est plus que, « son excellence » Monsieur le « président » de la république, « chef suprême » d’une armée qui ne donne pas tout à fait le sentiment de s’être aligné derrière un « colonel » qu’elle connait peu, d’autant que, en son seing, il y a des officiers plus MÉRITANTS que lui.
Il y a quelques jours, une télévision privée, HADAFO-Espace, menait par la voix d’un certain GUIRASSY Lamine presque ensorcelé, une campagne promotionnelle agressive radiotélévisée, pour une étrange manifestation à tenir au stade 28 Septembre, en faveur du « colonel » solitaire et de son C.N.R.D. dont les membres ne sont d’ailleurs toujours pas connus. La colère montante du pays profond, a précipitamment mis fin à cette propagande, sans doute commandée et financée par la junte elle-même, ou par des groupes cagoulés. Tous les jours il pleut des décrets concernant des militaires, Fonctionnaires renvoyés brutalement, pour être aussitôt remplacés par des flagorneurs, eux-mêmes prêts à tout pour le maintenir aussi longtemps qu’ils le peuvent au pouvoir indu, au plan LÉGAL. Indiscutablement, un pouvoir personnel armé, presque clanique est en train de s’installer, durablement, par la VIOLENCE. Le gouvernement et le Premier Ministre sont caporalisés, au sens premier du terme. Cela est si vrai qu’il leur est imposé un « stage » de RÉEDUCATION dans un camp militaire, comme un juge imposerait une rééducation militarisée à un groupe de petits délinquants. Surprenant. Dans le même temps, le colonel autoproclamé « président », procède au recyclage sélectif des notabilités du pouvoir déchu. Heureux qui comprennent. A part quelques rares cas, le gouvernement semble être une association inter, ou intra-familiale, et par moment un groupement d’affairistes privés. Le Premier Ministre lui-même place d’abord ses propres enfants dans son cabinet, ensuite les amis de ses enfants, reçois les brigands miniers qui décident de ceci, de cela, alors que les Femmes et Hommes LÉGITIMES du pays, sont marginalisés.… Le Ministre de l’énergie est à la fois fournisseur et client d’un État dont il est le Ministre. FANTASTIQUE !! Un modèle de vertu, peut-être dans la gestion des Affaires publiques.
Il y a comme une incohérence volontaire qui plane sur ce pouvoir ILLÉGAL et ILLÉGITIME. La promesse de non blanchiment-recyclage de certaines notabilités déchues et décriées est jetée aux poubelles. Discours mielleux dans certains quartiers dont les ressortissants jeunes seraient désormais les seuls à recruter dans les forces de l’ « ordre », c’est-à-dire gendarmerie, armée et police. Ce projet est dangereux pour ceux auxquels il est promis. Il l’est aussi pour d’autres, dans les quartiers ignorés, où il n’y aurait pas de recrutement, ou très peu. Les premiers seraient, ou sont déjà perçus comme des milices privées chargées de faire régner l’ordre du C.N.R.D. et surtout les ordres donnés par le « colonel » Mamady DOUMBOUYA. Les seconds, tout aussi nombreux dans les autres quartiers, devenus soupçonneux, s’organiseraient pour se « défendre ». Étant opposés au pouvoir illégal et illégitime du C.N.R.D., ils ne pourraient pas faire autrement que de percevoir les nouvelles recrues du « colonel » comme une milice hostile. Dans certains quartiers de Conakry, mais aussi ailleurs, le glissement progressif d’associations de « jeunes », vers un pouvoir parallèle protégé mais non officiel, et donc de type mafieux, n’est pas à exclure. Elles prétendent travailler avec le fantomatique C.N.R.D. dont les membres, s’ils existent, sont toujours cagoulés, sans qu’on sache pour quelles raisons.
Pourtant, au commencement comme dans une chanson, il n’y avait pas d’hostilité. Même l’indifférence observée alors, était bienveillante. D’où vient donc la suspicion, et maintenant une hostilité rampante ?
Le « malentendu » réside en ceci que, l’immense majorité des Guinéens souhaitaient la chute d’Alpha Condé et le Rétablissement immédiat et simultané de l’ORDRE CONSTITUTIONNEL LÉGAL, c’est-à-dire la Constitution du 7 Mais 2010, laquelle a permis à l’autocrate déchu, d’exercer deux mandats légaux consécutifs, sans avoir été contrarié par une quelconque disposition constitutionnelle particulière. C’est d’ailleurs précisément l’objet exclusif du puissant F.N.D.C. (Front National pour la Défense de la Constitution)
En tout cas, il ne s’en est pas plaint, à aucun moment. C’est dire donc, que le TEXTE FONDAMENTAL du 7 Mai 2010, sans être la perfection absolue, était efficace, robuste, et solide. EFFICACE, parce qu’il permettait de gouverner sans difficulté institutionnelle. ROBUSTE, il assurait une STABILITÉ institutionnelle. Le président déchu en a lui-même fait la démonstration, par ses deux mandats légaux consécutifs. SOLIDE, parce qu’il limitait le nombre et la durée de mandats consécutifs ou non que peut exercer un président. Par précaution supplémentaire, il interdisait de toucher, de quelle que manière que ce soit, et à qui que ce soit, de toucher au nombre et à la durée des mandats légaux. Cette disposition présentait à mes yeux, l’immense avantage de faire patienter de probables et inévitables candidats à la magistrature suprême. Car après deux mandats légaux consécutifs ou non, ils pouvaient espérer ne pas avoir pour compétiteur, un éternel sortant qui n’ouvrait le scrutin que lorsqu’il s’était pré-assuré sa prévisible « victoire » à la présidentielle suivante.
La question majeure pour notre pays, n’est donc pas institutionnelle. En revanche le respect scrupuleux des TEXTES FONDAMENTAUX, dans l’esprit et dans la lettre, est plus que problématique. Or quelle que soit la perfection textuelle d’une Règle Fondamentale, elle n’acquiert sa FORCE en tant que RÉFÉRENCE juridique suprême, que si les personnalités qui, les toutes premières fois, ont à les mettre en application, le font avec PROBITÉ, IMPARTIALITÉ, HONNÊTETÉ, RIGUEUR, HUMANITÉ et de façon DÉSINTÉRESSÉE, c’est-à-dire sans en attendre ni gloire, ni privilège, ni reconnaissance des puissants du moment. Mais avoir le COURAGE de n’accepter comme récompense que l’autosatisfaction d’avoir contribué un petit peu, à fixer dans le marbre, un texte qui fait tenir ensemble, pour une certaine DURÉE, une Nation et un pays : la CONSTITUTION. Hors de ce chemin, point de salut. Il n’y a pas un seul pays au monde qui se soit sorti d’affaires en ne faisant pas respecter scrupuleusement sa propre Règle Fondamentale, y compris contre le président. Il n’y a pas de raccourci, il n’y aura pas de saut. Il y a un chemin, un seul dont le parcours peut être chahuté, comporter des déviations temporaires. Mais le parcours difficile vers un vrai État de Droit, est INCONTOURNABLE, sauf à vouloir livrer le pays aux brigands miniers locaux et étrangers. Dans cette hypothèse de plus en plus en plus probable, la Guinée serait inévitablement une sorte de HAÏTI au plan politique. C’est-à-dire les gangs les plus violentes désigneront le Président et son gouvernement, à partir d’un pseudo scrutin électoral.
L’erreur fondamentale de la classe politique et du F.N.D.C., est d’avoir oublié d’EXIGER le Rétablissement immédiat de la LOI FONDAMENTALE du 7 Mai 2010. Mais un OUBLI peut se réparer, en particulier dans le cas présent. A cette erreur fondamentale, il faut ajouter l’acceptation inexplicable d’une prétendue CHARTE de la TRANSITION, charte sortie d’on ne sait où ? Et qui en sont les commanditaires et les rédacteurs ?
Il n’y a pas d’homme providentiel. Il n’y a pas de sauveur suprême. Il y a un seul SAUVEUR suprême, c’est le Peuple de Guinée lui-même, dans sa totalité.
La souveraineté appartient au peuple. Il l’exerce par ses représentants qu’il a librement choisis. Cela s’appelle une ÉLECTION libre, transparente et honnête. Nul ne peut s’octroyer le pouvoir suprême, s’il n’est pas désigné par le peuple. Détourner à son profit, les armes et munitions acquises avec les ressources publiques, pour assouvir son ambition personnelle, ne doit en aucun cas être admis comme SOURCE fondamentale du pouvoir. Si c’était le cas, alors le même peuple est fondé à s’insurger, par tous les moyens, contre les USURPATEURS. Toutefois, dans le contexte très particulier, comme c’est le cas, on peut TOLÉRER très temporairement, pour six, huit ou douze mois que l’Armée, pas un petit groupe ultra-minoritaire, mais l’armée Nationale Républicaine maintienne la STABILITÉ du pays. Or ce n’est pas ce que dit la junte. Elle prétend « REFONDER » la Guinée, comme si les Guinéens lui en avaient confié la mission. Les juristes vous diront qu’on ne peut pas avoir la compétence de sa compétence, autrement dit, nul ne peut être le FONDEMENT juridique de son propre pouvoir. Sinon, on est dans un ABSOLUTISME militarisé et armé. Il nous faut nous interroger collectivement, sur l’utilité de maintenir cette calamiteuse transition.
Disons-le clairement et publiquement. Les partis politiques REPRÉSENTATIFS sont les seuls LÉGITIMES (R.P.G., U.F.D.G., U.F.R., P.D.E.N.) En tout cas, ils sont plus légitimes que ceux qui par les armes et munitions achetées avec l’argent de tous les Guinéens, prétendent s’autoproclamer « présidents ». Malheureusement, la classe politique représentative est si naïve, si peu courageuse qu’elle-même s’offre en VICTIMES résignées à ceux qui n’ont aucune légalité, ni légitimité à parler d’où ils parlent et de quoi ils parlent.
Il existe une CONSTITUTION, celle du 7 Mai 2010. Elle a montré son efficacité. La lubie de « fabriquer » une nouvelle autre inutile constitution, et de « refonder » notre pays est à la fois RIDICULE et DANGEREUSE. Elle vise à allonger la transition, pour finalement la rendre conflictuelle. Car la « refondation », renvoie bien à l’idée de tout recommencer, parce que, avant, il n’y avait que page blanche. On rase donc tout. Et c’est précisément là où on emprunte les objectifs et les méthodes des KHMERS rouges, et dans le cas qui nous concerne, plutôt des KHMERS Noirs. Au bout, il y a inévitablement la TRAGÉDIE, puisqu’il y aura des RÉSISTANCES légitimes contre cette idée farfelue de « refondation » ou de « transformation » comme le dit le premier ministre couché. Il ne discute plus des affaires du pays, qu’avec des brigands miniers bien connus de nos concitoyens. Or ceux-là, dépouillent la Guinée, pour leur compte à eux, et pour le compte de leur pays. Le moment venu, ils seront nommément cités.
Si un groupe ultra-minoritaire réussissait à confisquer cette transition à son profit, c’est l’Armée Nationale Républicaine qui en sortirait définitivement DISCRÉDITÉE. Or selon moi, elle n’approuve en aucune manière, la CONFISCATION du pouvoir, même en période de transition. Et dans certains quartiers de Conakry et d’ailleurs, ceux et celles qui croient que leur « heure » est venue, se trompent lourdement. La Guinée n’est pas encore une NATION. Jusqu’à l’arrivée illégale d’Alpha Condé, c’était une juxtaposition apaisée et fraternelle de groupes ethniques différents mais amicaux. Il a fracturé cette harmonie patiemment tissée au cours des siècles par nos grands aïeux. Chez nous, la Nation est plus un projet souhaité, qu’une réalité.La preuve ? Les innombrables émissaires de la junte qui tentant de dresser certains jeunes de certains quartiers contre les autres, contre les Hommes et Femmes politiques dont la LÉGITIMITÉ et la RPRÉSENTATIVITÉ sont indéniables, alors que la junte en est totalement dépourvue.