https://www.madaniya.info/ consacre un dossier en 4 volets aux relations spéciales entre les États-Unis et Israël à l’occasion du 75 ème anniversaire de la reconnaissance de l’État Hébreu par le président Harry Truman. Les États Unis ont été le premier pays à avoir reconnu l’État d’Israël, en 1948, et James Mc Donald, un proche conseiller du président Truman, a été le premier ambassadeur américain à présenter ses lettres de créance au gouvernement israélien. L’État-major américain avait pourtant prédit que la stratégie sioniste viserait à impliquer les États Unis dans une série d’opérations de plus en plus vaste de manière à réaliser le plus grand nombre d’objectifs juifs.
George Marshall: La Palestine sous tutelle ou sous administration de l’ONU.
Le 12 Mai 1948, l’année du désastre de la Palestine (An Nakba), une réunion tripartite s’est tenue au Bureau Ovale de la Maison Blanche groupant le président Harry Truman, le général George Marshall, secrétaire d’état, et M. Clark Clifford, conseiller présidentiel, que le président démocrate a convié afin de plaider la cause de la reconnaissance d’Israël par les États Unis.
George Marshall, ancien chef d’état major interarmes des États Unis qui a conçu le plan de la reconquête alliée de l’Europe de l’Allemagne nazie durant la II me Guerre mondiale, par ailleurs auteur du fameux « Plan Marshall » chargé de financer la reconstruction de l’Europe, était considéré par le président Truman comme « le plus grand américain vivant ».
Mais, en dépit de l’admiration que le président lui vouait, George Marshall était opposé à la reconnaissance d’Israël sur la terre de Palestine.
Harry Truman a préféré préserver ses chances de réélection pour un 2e mandat aux intérêts à long terme des États Unis. « Les Juifs constituent un bloc électoral important et vont appuyer la demande de reconnaissance », a plaidé Clark Clifford auprès de George Marshall.
La réunion s’est terminée dans un climat de grande tension. George Marshall, furieux, lâchera, à sa sortie de la Maison Blanche: « Si je devais voter lors de la prochaine élection, je voterai contre le président ».
Les journalistes, présents devant la Maison Blanche, en ont déduit que Marshall pensait que Harry Truman songeait à sacrifier la sécurité des États-Unis pour récolter le vote d’un fraction de suffrages des Américains, sans faire la liaison avec la question de la reconnaissance d’Israël.
Entre la fin de la 2me Guerre mondiale, et la réunion du 12 Mai 1948, soit en près de trois ans, l’État-Major interarmes des États Unis avait publié 16 études sur la question de la Palestine; une compilation parue le 31 Mars 1948 sous le titre « History State 1948, les nécessités de la puissance pour la puissance ».
L’État-Major américain avait prédit que la stratégie sioniste viserait à impliquer les États Unis dans une série d’opérations de plus en plus vaste de manière à réaliser le plus grand nombre d’objectifs juifs.
Selon l’état-major, les principaux objectifs étaient les suivants:
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Affirmer la souveraineté juive sur une partie de la Palestine
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Obtenir la reconnaissance par les grandes puissances du droit à l’immigration illimitée des juifs de la diaspora vers Israël
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Étendre ensuite la souveraineté juive sur la totalité de la Palestine et « élargir la terre d’Israël vers la Transjordanie (La Jordanie actuelle), ainsi qu’à une partie du Liban et de la Syrie.
Ce n’était pas la première fois que l’État-major américain faisait part de ses appréhensions. Ainsi, en 1947, un rapport américain mettait en garde contre le fait que « la décision de partage de la Palestine soutenue par les États-Unis était de nature à porter préjudice aux intérêts stratégiques américains au Proche et au Moyen Orient au point que les États-Unis devaient faire usage de la force pour préserver leur influence dans la zone ».
Le site «History State 1948» publie en outre un condensé des notes adressées par George Marshall à Harry Truman consignant les préoccupations du secrétaire d’état déduites d’ailleurs, selon lui, du comportement des Juifs à l’égard des Arabes dans les territoires arabes.
En ce qui concerne la Palestine, George Marshall a marqué sa préférence pour le «régime de la tutelle» ou son «placement sous l’administration de l’ONU», un régime qui favoriserait une coexistence entre Arabes et Juifs.
Il estimait que la Reconnaissance de Jure d’Israël était «inopportune et prématurée en ce qu’elle allait exacerber les pays arabes en rendant difficile le fait qu’ils fassent des concessions au Comte Folke Bernadotte, émissaire de l’ONU en Palestine qui s’employait à obtenir des concessions d’eux en vue d’une solution juste de la question palestinienne».
Le Comte Bernadotte (Suède) a été assassiné le 17 septembre 1948 à Jérusalem par des membres du groupe terroriste juif sioniste LEHI.
«Les pays musulmans aux Nations Unies vont fortement réagir à une décision prématurée en faveur d’Israël. En conséquence, les États Unis et les pays occidentaux vont rencontrer des difficultés supplémentaires sur d’autres sujets importants soulevés dans l’enceinte de l’ONU», fait valoir le secrétaire d’État.
En conclusion George Marshall recommande de s’abstenir d’une reconnaissance de jure d’Israël dans l’intérêt bien compris des États Unis.
La question palestinienne est une «question tragique»
Deux semaines auparavant, George Marshall avait adressé à Harry Truman un mémorandum sur la visite de l’émissaire américain en Israël, MacDonald, estimant que «le règlement de la question palestinienne ne saurait se faire par la violence en faisant valoir que la question palestinienne est une +«question tragique»+».
Que «les dirigeants israéliens risquent de se livrer à des comportements dangereux s’ils s’imaginaient régler cette question tragique de manière brutale et sans que cela ne retienne l’attention de l’opinion publique internationale».
En résumé, la position de George Marshall s’articulait autour de trois considérations:
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La reconnaissance d’un État juif allait exacerber la colère des États arabes.
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La reconnaissance d’un État juif va compliquer le règlement de nombreux problèmes tant au dans le cadre des Nations Unies qu’auprès de l’opinion publique internationale.
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Le règlement de la question palestinienne par la violence va barrer la voie à un règlement pacifique.